Au moment de refermer les volets de la vieille bĂątisse, la narratrice se souvient⊠Elle a 5 ans. AnnĂ©es 6O. Au manoir, le dimanche, elle sâappelle Lucienne, fille dâEmile Marsignac, riche industriel de lâAngoumois, un homme austĂšre et distant qui la terrorise et jamais aucun mot nâest prononcĂ© sur les absences prolongĂ©es de sa mĂšre. En semaine, chez MamĂ© sa nourrice, on lâappelle Lulu et elle grandit libre au sein dâune famille bigarrĂ©e et exubĂ©rante. Il y a Paulo et Monique, les petits de lâassistance publique, Rodolphe le petit prince noir, Tatiche la douce et Solange qui rĂšgne sur la tribu. Il y a aussi Riri, Tintin, Youpette et tous les autres. « Ainsi, jâavais deux maisons, deux vestiaires, deux familles, deux dictionnaires et il me fallait sauter entre deux mondes⊠lâun tout chaud comme un marron, lâautre en eau comme un glaçon. Ăa embrouille tout ça. Alors, je trouve que je ne mĂ©ritais pas de me faire enguirlander quand il mâarrivait de me mĂ©langer les pinceaux. CâĂ©tait mon avis et aussi celui de Paulo qui disait : Tâas quâĂ le renvoyer chier ton pĂšre⊠»
Câest le rĂ©cit colorĂ© dâune enfance qui se perd entre deux univers. Câest le roman de lâabandon, de lâabsence, du chagrin traversĂ© de fulgurants Ă©clats de joie et de bonheur. Câest aussi la peinture dâune sociĂ©tĂ© corsetĂ©e de morale en train de changer. Comme Lulu, on passe du rire aux larmes et de la gravitĂ© Ă la lĂ©gĂšretĂ©. Comme Lucienne, on regarde lâenfant que lâon fut et lâadulte qui est devenu. Comme dans la vie en sorte.
Ă PROPOS DE L'AUTEURE
AgnĂšs Ollard est nĂ©e Ă AngoulĂȘme oĂč elle rĂ©side toujours. AprĂšs une vie professionnelle consacrĂ©e Ă la psychiatrie, elle continue Ă travers ses romans de tĂ©moigner de la complexitĂ© et la fragilitĂ© de lâĂȘtre, irriguĂ© par le monde qui lâentoure. « Dentelle et salopette » est son deuxiĂšme roman, aprĂšs « La chaise rose de Virgile » paru aux Ă©ditions Spinelle en 2020.