Dans Le Château d'Eppstein, Dumas situe une intrigue au pied des ruines dominant le Taunus: une lignée déchue, un amour contrarié et une vengeance féodale s'y cristallisent, sous l'ombre persistante de la légende locale. Le récit en tableaux alterne descriptions de forêts et de remparts, dialogues vifs et brusques retournements, selon la mécanique du feuilleton. L'imaginaire gothique (couloirs secrets, malédiction domestique) se mêle à une curiosité historiciste pour l'Allemagne médiévale, dans la veine romantique marquée par Scott et la vogue du Rhin. Ce choix s'accorde avec Dumas voyageur et dramaturge. Au début des années 1840, après ses périples consignés dans Le Rhin, il transforme paysages et anecdotes en matière romanesque, avide d'embrasser l'Europe des légendes. Sa pratique de la scène nourrit la composition: entrées spectaculaires, coups de théâtre, silhouettes typées. Les collaborations de l'atelier romanesque affinent l'architecture narrative, tandis que sa verve colore l'ensemble d'ironie et d'empathie. On recommandera ce court roman à qui cherche un Dumas des marges: moins épique que les Mousquetaires, mais d'une densité atmosphérique singulière. Idéal pour amateurs de médiévalisme, de ruines éloquentes et de récits à secret; il se lit d'un trait.