Froissart, le double romanesque de George Darien, raconte ses 33 mois passĂ©s dans lâenfer du bagne militaire de Gafsa, dans le sud tunisien Ă la fin XIX° siĂšcle...Terrifiant !
Ils se sont prĂ©cipitĂ©s sur moi, trois ou quatre, mâont ramenĂ© les bras en avant et mâont serrĂ© les poignets dans la chaĂźne infĂąme.
â Encore un cran ! Nâayez pas peur de tirer dessus. Ăa lui apprendra Ă rouspĂ©ter.
Ăa ne mâapprendra rien du tout. Ce que ça pourrait mâapprendre, je le sais depuis longtemps : câest que le jour oĂč jâai jetĂ© bas mes effets de civil pour endosser lâhabit militaire, jâai dĂ©pouillĂ© en mĂȘme temps ma qualitĂ© de citoyen et que, Ă©tant soldat, je suis un peu plus quâune chose, puisque jâai des devoirs, mais beaucoup moins quâun homme, puisque je nâai plus de droits.
Le gendarme qui doit mâescorter mâa conduit Ă lâentrĂ©e de la cour, devant la route qui traverse la Kasbah et mâa fait asseoir sur une grosse pierre.
â Attendez-moi lĂ .
Jâattends. On doit me prendre pour une bĂȘte fauve exhibĂ©e Ă la porte dâune mĂ©nagerie pour attirer les curieux.
« Je ne sais si câest un livre, je voudrais que ce fut un cri. » Biribi est certes un roman, mais un roman vrai, un reportage romancĂ©, dĂ©crivant lâhorreur de ces Ă©tablissements tortionnaires. LâĆuvre de George Darien, « est le plus rigoureux assaut que je sache contre l'hypocrisie, l'imposture, la sottise, la lĂąchetĂ© » selon AndrĂ© Breton. Conclusion de la prĂ©face de Max Obione.