La qualité d'observation et une plume souveraine caractérise cette nouvelle (assez) pathétique, tirée du recueil Voyageuses édité en 1897.
« Mrs Harris me reçut dans une espèce de boudoir vitré donnant sur la mer, où je retrouvai bien, dès cette première minute, une image de quelques uns des salons que j'ai le mieux aimés à Cannes, mais c'était une image parodique par excès d'imitation, caricaturale à force d'outrance. Trop de gravures et de tableaux surchargeaient l'étoffe trop riche des murs, trop de fleurs et de trop grandes s'effeuillaient dans des vases trop précieux, trop de petits objets d'argent anglais brillaient sur les tables, parmi trop de photographies de princes et de princesses, toutes avec dédicaces. Et elle-même, Mrs Harris, elle était presque trop belle, avec sa bouche trop rouge aux dents trop nettoyées, ses mains trop poncées sous un abus de bagues, et elle portait une toilette d'été tellement à la mode qu'elle semblait une femme-affiche, la poupée animée qu'un costumier de génie aurait parée et astiquée pour l'exportation. »
Source: https://archive.org/details/voyageuses00bouruoft/page/54