Des circonstances gĂ©ographiques, autant quâun intĂ©rĂȘt scientifique commun aux membres du rĂ©seau LumiĂšres, ont rassemblĂ© historiens et littĂ©raires autour dâun moment historique et dâun objet sur lequel lâhistoire littĂ©raire française, toujours prompte Ă opĂ©rer des dĂ©coupages et Ă tracer des frontiĂšres, ne sâattarde pas suffisamment : lâentre-deux siĂšcles, en lâoccurrence la pĂ©riode que certains historiens ont nommĂ©e « secondes LumiĂšres ». Quâentend-on par « secondes LumiĂšres » ? Si elles croisent nĂ©cessairement le romantisme allemand, voire les « anti-LumiĂšres», elles ne constituent pas un mouvement â tout au plus dĂ©signent-elles un champ en friches ou de bataille laissĂ© en France et dans une partie de lâEurope par la RĂ©volution. Mais elles relĂšvent encore des LumiĂšres, pour autant que, Ă la suite de Foucault, on entende celles-ci, premiĂšres ou secondes, comme un rĂ©gime permanent de la critique qui serait celui de la modernitĂ©. ModernitĂ© ? Entre le dos tournĂ© au prĂ©sent et « lâaurore splendide » saluĂ©e par Hegel, lâĂ©poque se cherche, les voix se mĂȘlent et se contredisent. Aurore ou crĂ©puscule ? Le spectateur du fameux Voyageur au-dessus de la mer de nuages de Friedrich hĂ©site. Cette hĂ©sitation est celle-lĂ mĂȘme des secondes LumiĂšres.