PRĂFACE
Il y avait dans ce romanâŠ
â Mais ce nâest pas un roman.
â Dans cet ouvrageâŠ
â Mais ce nâest pas un ouvrage.
Dans ce livreâŠ
â Câest encore moins un livre.
â Dans ces pages enfin⊠il y avait un chapitre assez piquant intitulĂ©
LE CONSEIL DES MINISTRES.
On a dit Ă lâauteur :
â Prenez garde, on fera des applications, on reconnaĂźtra des personnages ; ne publiez pas ce chapitre.
Et lâAuteur docile a retranchĂ© le chapitre.
Il y en avait un autre intitulé
UN RĂVE DâAMOUR.
CâĂ©tait une scĂšne dâamour assez tendre, comme doit lâĂȘtre une scĂšne de passion dans un roman.
On a dit Ăą lâauteur :
â Il nâest pas convenable pour vous de publier un livre oĂč la passion joue un si grand rĂŽle ; ce chapitre nâest pas nĂ©cessaire, supprimez-le.
Et lâAuteur timide a retranchĂ© ce second chapitre
Il y avait encore dans ces pages deux piĂšces de vers.
Lâune Ă©tait une satire.
Lâautre une Ă©lĂ©gie.
On a trouvé la satire trop mordante.
On a trouvĂ© lâĂ©lĂ©gie trop triste, trop intime.
LâAuteur les a sacrifiĂ©es⊠mais il est restĂ© avec cette conviction quâune femme qui vit dans le monde ne doit pas Ă©crire, puisquâon ne lui permet de publier un livre quâautant quâil est parfaitement insignifiant.
Heureusement celui-ci contient une lettre de M. de Chateaubriand, â un billet de BĂ©ranger, â des vers de Lamartine ; â il a pour patron M. de Balzac : tout cela peut bien lui servir de piĂšces justificatives.
1836
Source: http://fr.wikisource.org/wiki/La_Canne_de_Monsieur_de_Balzac