"Mon pÚre a trouvé la mort un vendredi soir. Son Aston Martin s'est écrasée contre le parapet d'un pont. Je n'étais pas dans la voiture. J'avais 5 ans.
De lui, il me reste peu de souvenirs, et quelques trĂ©sors : une montre qui sonne les heures, un stylo dont la plume penche Ă droite et cette carte postale, oĂč il me demandait en lettres capitales :
QUE DIT LA REINE DU SILENCE ?
Cette phrase posait une Ă©nigme impossible Ă rĂ©soudre pour la petite fille que j'Ă©tais, Ă©nigme cruelle et envoĂ»tante qui rĂ©sume toute la difficultĂ© du mĂ©tier d'enfant. Ănigme qui, Ă l'Ă©poque, se formulait ainsi :
Que pourrait bien dire la Reine du silence sans y perdre son titre, et l'affection de son papa ?
Ou encore : comment, Ă la fois, parler, et ne pas parler ?
J'étais coincée. Prise au piÚge de l'intelligence paternelle."
Marie Nimier ose avec ce nouveau livre s'attacher Ă la figure de son pĂšre, Roger Nimier. Elle explore l'amas de tĂŽles froissĂ©es, interrogeant avec gravitĂ© le destin de cet Ă©crivain que ses amis dĂ©crivent tour Ă tour, et parfois simultanĂ©ment, comme un ĂȘtre dĂ©sinvolte, sĂ©rieux, menteur, loyal, tendre, indiffĂ©rent et malhabile de ses sentiments comme on est maladroit de ses mains.
Prix MĂ©dicis.