Les giboulĂ©es de mars sont propices aux enterrements. Elles apportent suffisamment de clartĂ© pour illuminer les tristes visages, assez dâombre pour donner Ă la cĂ©rĂ©monie des airs de tragĂ©die. Jâai toujours aimĂ© ces moments de tristes extases durant lesquels les Ăąmes se rĂ©vĂšlent et se laissent aller Ă un peu de vĂ©ritĂ© crue. Comme un insecte pris dans lâambre, les hommes et les femmes affectĂ©s laissent entrevoir leur ĂȘtre sans fard. Tels des murs dâimmeubles abattus on peut enfin voir leurs cloisons secrĂštes, leurs couleurs passĂ©es, leurs assises dĂ©nudĂ©es. Aujourdâhui ne fait pas exception. La famille Deflandre ne me déçoit pas. Elle donne sa pleine mesure dans le dĂ©sespoir et le dĂ©sarroi. Si jâavais Ă noter ces figures imposĂ©es, je donnerais un bon huit sur dix. Reste maintenant le programme libre auquel jâespĂšre participer ce qui nâest jamais gagnĂ© dâavance. Le nombre de personnes prĂ©sentes laisse espĂ©rer une invitation passive au repas qui suivra. La qualitĂ© des tissus, des Ă©toffes et des cuirs, lâaffluence ainsi que les quelques parures que jâai pu apercevoir promettent un menu fin et coĂ»teux. La journĂ©e devrait ĂȘtre belleâŠ