Le malheur rend Dieu absent pendant un temps, plus absent qu'un mort, plus absent que la lumiĂšre dans un cachot complĂštement tĂ©nĂ©breux. Une sorte d'horreur submerge toute l'Ăąme. Pendant cette absence il n'y a rien Ă aimer. Ce qui est terrible, c'est que si, dans ces tĂ©nĂšbres oĂč il n'y a rien Ă aimer, l'Ăąme cesse d'aimer, l'absence de Dieu devient dĂ©finitive. Il faut que l'Ăąme continue Ă aimer Ă vide, ou du moins Ă vouloir aimer, fĂ»t-ce avec une partie infinitĂ©simale d'elle-mĂȘme. Alors un jour Dieu vient se montrer lui-mĂȘme Ă elle et lui rĂ©vĂ©ler la beautĂ© du monde, comme ce fut le cas pour Job. Mais si l'Ăąme cesse d'aimer, elle tombe dĂšs ici-bas dans quelque chose de presque Ă©quivalent Ă l'enfer.C'est pourquoi ceux qui prĂ©cipitent dans le malheur des hommes non prĂ©parĂ©s Ă le recevoir tuent des Ăąmes.