Max du Veuzit (1876-1952)
"L’hiver avait été rude ; quoiqu’on fût déjà dans le milieu de mars au moment où commence cette histoire, le vent soufflait, âpre et froid, sur la nature à peine réveillée de son sommeil hivernal.
Le ciel était sombre cet après-midi-là ; de gros nuages gris se détachaient à l’ouest et annonçaient une pluie prochaine.
Sur l’unique route qui traverse Vassonville, petit village de Normandie, un groupe de femmes en deuil revenaient du cimetière et, pendant que le vent faisait flotter leurs châles noirs, elles avançaient, pressant le pas, dans la crainte de l’orage qui menaçait de se déchaîner sur la campagne.
C’étaient de simples femmes des champs, de celles qui ne quittent l’ouvrage que pour se rendre à l’église, le dimanche, et il avait fallu l’inhumation de M. Michel Somesnil pour leur faire cesser leurs travaux.
Par une touchante coutume des campagnes, où le respect des morts est plus profond que dans les villes, chacune avait sorti, pour la circonstance, les vêtements noirs et les capotes de crêpe remisés sur les planches des armoires et gardés précieusement depuis la perte plus ou moins éloignée d’un parent.
Elles allaient en silence, malgré leur nombre, et sur leurs visages paternes une lueur humide traduisait mal le sentiment de compassion que leur inspirait une jeune fille, à la douce et triste figure, qui marchait d’un pas automatique et comme inconsciente au milieu d’elles."
Romance.
Monique Somesnil vient de perdre son père. Elle décide d'aller à Paris pour gagner sa vie. Après des déceptions et des petits boulots, elle devient l'institutrice de la jeune Maë Saint-Angel, soeur d'un riche homme d'affaire : Jack Saint-Angel...