Pierre Bouchardon (1870-1950)
"Voici une des affaires les plus sinistres et les plus étranges dont la Cour d’assises de la Seine ait jamais eu à connaître. Elle fut jugée en 1832, alors que l’émeute des 5 et 6 juin tirait ses derniers coups de fusil et faisait même voler en éclats les vitres du Palais de Justice, alors que le choléra décimait Paris. Elle mit au sommet un avocat de trente-deux ans, Chaix d’Est-Ange, qui prononça pour les parties civiles un plaidoyer demeuré légendaire. Et comme si ce n’était pas assez de l’insurrection et de l’épidémie, il fallut encore qu’au moment le plus tragique de son discours, un orage d’une rare violence éclatât. Dominant tous les éléments et tous les fléaux déchaînés, la voix de l’avocat fut tellement pathétique et tellement prenante qu’on vit, à la lueur des éclairs, l’accusé pousser des cris de terreur et des exclamations à peine articulées que presque tous considérèrent comme des aveux.
Le souvenir de cette cause est demeuré lié en quelque sorte aux pierres du vieux monument. On a essayé ici, après quatre-vingt-dix ans, de l’évoquer et de la replacer dans son cadre d’épouvante."
Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1829, à Vouziers (dans les Ardennes), Mme Benoît, la femme d'un juge de paix, est assassinée, à son domicile, par un ou des cambrioleurs...