Un incontournable du génie Charles Péguy !
Cette pièce dramatique de Charles Péguy est d’un grand intérêt en raison notamment de son style si particulier, proche de la prose poétique, de l’incantation où la répétition joue un rôle primordial. La question centrale de cette oeuvre majeure peut se résumer ainsi : Comment Jeanne d'Arc est devenue ce qu'elle était ?
Les débats philosophiques et religieux entre les trois personnages nous amènent à la naissance de la détermination et du choix héroïque de Jeanne d’Arc.
Révoltée contre la souffrance et la misère, bien décidée à agir, la jeune bergère continue de nous inspirer. Six siècles plus tard, la question de Jeanne reste plus que jamais d’actualité : en quoi suis-je personnellement concerné par le sort du monde ?
EXTRAIT : « Pour un blessé qui se traîne au long des routes, pour un homme que nous ramassons au long des routes, pour un enfant qui traîne au bord des routes, combien la guerre n’en fait-elle pas, des blessés, des malades, et des abandonnés, de malheureuses femmes, et des enfants abandonnés ; et des morts, et tant de malheureux qui perdent leur âme. Ceux qui tuent perdent leur âme parce qu’ils tuent. Et ceux qui sont tués perdent leur âme parce qu’ils sont tués. Ceux qui sont les plus forts, ceux qui tuent perdent leur âme par le meurtre qu’ils font. Et ceux qui sont tués, celui qui est le plus faible, perdent leur âme par le meurtre qu’ils subissent, car se voyant faibles et se voyant meurtris, toujours les mêmes faibles, toujours les mêmes malheureux, toujours les mêmes battus, toujours les mêmes tués, alors les malheureux ils désespèrent de leur salut, car ils désespèrent de la bonté de Dieu. Et ainsi, de quelque côté qu’on se tourne, des deux côtés c’est un jeu où, comment qu’on joue, quoi qu’on joue, c’est toujours le salut qui perd, et c’est toujours la perdition qui gagne. Tout n’est qu’ingratitude, tout n’est que désespoir et que perdition.
Un silence.
Et le pain éternel. Celui qui manque trop du pain quotidien n’a plus aucun goût au pain éternel, au pain de Jésus-Christ. »