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Les Croisades (1095-1270)

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De toutes parts, vers la fin du XIe siĂšcle, l'Église triomphait dans l'Europe par l'Ă©pĂ©e des Français. En Sicile et en Espagne, en Angleterre et dans l'empire grec, ils avaient commencĂ© ou accompli la croisade contre les ennemis du pape et de la foi.

Toutefois, ces entreprises avaient Ă©tĂ© trop indĂ©pendantes les unes des autres, et aussi trop Ă©goĂŻstes, trop intĂ©ressĂ©es, pour accomplir le grand but de GrĂ©goire VII et de ses successeurs : l'unitĂ© de l'Europe sous le pape, et l'abaissement des deux empires. Pour approcher de ce grand but de l'unitĂ©, il fallait que l'Église s'en mĂȘlĂąt, que le christianisme vĂźnt au secours. Le monde du onziĂšme siĂšcle avait dans sa diversitĂ© un principe commun de vie, la religion ; une forme commune, fĂ©odale et guerriĂšre. Une guerre religieuse pouvait seule l'unir. L'Europe ne pouvait se croire une et le devenir qu'en se voyant en face de l'Asie.

Il fallait que la croisade s'accomplit. Ce vaste et multiple monde du moyen Ăąge, qui contenait en soi tous les Ă©lĂ©ments des mondes antĂ©rieurs, grec, romain et barbare, devait aussi reproduire toutes les luttes du genre humain. II fallait qu'il reprĂ©sentĂąt, sous la forme chrĂ©tienne et dans des proportions colossales, l'invasion de l'Asie par les Grecs et la conquĂȘte de la GrĂšce par les Romains, en mĂȘme temps que la colonne grecque et l'arc romain seraient reliĂ©s et soulevĂ©s au ciel, dans les gigantesques piliers, dans les arceaux aĂ©riens de nos cathĂ©drales !