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Les trois yeux

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Les Trois Yeux est un roman d’anticipation de Maurice Leblanc, paru d’abord en deux livraisons mensuelles dans Je sais tout, numĂ©ros 164 (15 juillet 1919) et 167 (15 octobre 1919). Puis Ă©ditĂ© pour la premiĂšre fois en un volume in-12 chez Laffite en 1920. Victorien Beaugrand (le narrateur) sĂ©journe chez son oncle NoĂ«l Dorgeroux Ă  Meudon, en attendant sa nomination comme professeur Ă  Grenoble. Il y entretient une idylle avec BĂ©rangĂšre, la filleule de cet oncle. Dorgeroux, chercheur solitaire qui travaille dans le secret au fond d’un hangar de son enclos, va le mettre au courant d’une dĂ©couverte fantastique qui l’a bouleversĂ©. Un pan de mur mystĂ©rieux que le chercheur dissimule habituellement sous un voile noir fait apparaĂźtre, une fois activĂ©, un Ɠil immense mais stylisĂ© (une sorte de « triangle avec des cĂŽtĂ©s courbes ») , Ă  l’intĂ©rieur duquel deux yeux expressifs semblent bouger et vivre. Puis une fantasmagorie se dĂ©veloppe. Les deux hommes se rendent compte bientĂŽt qu’à chaque fois, elle projette le « film » d’un Ă©vĂ©nement du passĂ© dont ils ont eu connaissance au cours de leur existence ; et, peu aprĂšs, ils s’aperçoivent que ces deux yeux sont en rĂ©alitĂ© le regard de l’acteur principal de l’évĂ©nement qui va suivre. Extrait : Un geste de mon oncle me prĂ©vint. Je tressaillis. L'aube se levait Ă  la surface grise. J'aperçus, d'abord, une vapeur qui tourbillonnait autour d'un point central, vers lequel se prĂ©cipitaient toutes les volutes et oĂč elles s'engouffraient en roulant sur elles-mĂȘmes. Puis, ce point s'Ă©largit en un cercle de plus en plus grand, tendu d'un voile de brume lĂ©gĂšre qui se dissipa peu Ă  peu, laissant apparaĂźtre une image confuse et flottante, comme ces fantĂŽmes qu'Ă©voquent, dans leurs sĂ©ances, spirites et mĂ©diums. Il y eut alors une certaine hĂ©sitation. Le fantĂŽme luttait contre l'ombre Ă©parse, et s'efforçait vers la vie et la lumiĂšre. Certains traits acquirent de la vigueur. Il se forma des contours et des reliefs et, enfin, un flot de clartĂ© sortit du fantĂŽme lui-mĂȘme et en fit une image Ă©blouissante, qui semblait inondĂ©e de soleil. C'Ă©tait une figure de femme.