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Les Tueurs de femmes et l’addiction introuvable : Une archéologie des tueurs en série

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Les tueurs en série exercent aujourd’hui une fascination morbide : livres, documentaires, séries, films leur sont consacrés. Le plus souvent, ils sont présentés comme de sinistres personnages qui ont surgi aux États-Unis dans les années 1970, puis en France dans les années 1990. La répétition des meurtres, le mode opératoire, l’identité des « proies » sont les principaux éléments permettant de les caractériser, de comprendre ce qui se joue et de tout mettre en œuvre pour empêcher que d’autres victimes subissent un sort funeste.

Au XIXe siècle, tandis que les savoirs sur le crime prennent davantage de densité, que l’enquête de police, l’instruction judiciaire, la médecine et la psychiatrie légale se déploient, les contemporains ne s’intéressent guère ni à la réitération du crime ni à la « passion criminelle ». La plupart des victimes sont des femmes anonymes : prostituées, servantes, demoiselles de magasin, veuves. Il a donc existé des tueurs de femmes – de nos jours, leurs crimes seraient qualifiés de « féminicides systémiques » – qui sont des tueurs en série et passent presque inaperçus.

De la sorte, demeure une énigme : qu’est-ce qui pousse au crime ? Pourquoi des hommes s’en prennent-ils exclusivement à des femmes, quelle force mystérieuse les anime ? Pourquoi ne peuvent-ils s’empêcher de recommencer ? Ces tueurs en série, même ceux qui ont fait l’objet d’une expertise mentale, ne sont pas considérés comme fous, ils sont jugés, condamnés, la plupart à la peine de mort, et exécutés. La justice se contente de mobiles apparents. Ce qui importe, c’est que l’institution judiciaire puisse fonctionner. Or la plupart des mobiles évoqués ne permettent pas de comprendre le passage à l’acte et cette addiction au crime est restée introuvable.