Je suis venue sur cette île pour écrire sur les liens, comme si, faisant bouger les lettres, je trouvais dans l’île l’image même de ce que nous sommes, des êtres de liens, tantôt lieurs et tantôt liés, toujours liables. Nous avons la faculté de tendre tout notre être – comme un arc – vers un autre être pour le rejoindre, de déployer ce que nous sommes – comme une voile – pour l’accueillir.
Un jour on rencontre un être avec qui l’on prête tous les serments. Avec qui l’on fait tous les rituels, l’on invente toutes les danses.
Puis chaque lien qui nous rattachait à la vie se rompt, le souffle est coupé.
On avait oublié la leçon de l’arbre et du vent qui vient tout balayer. On avait oublié le recommencement toujours possible. Comme si, pour se rejoindre, il fallait véritablement aller au bout de soi-même, sans jamais se quitter.
C’est comme une lente traversée, du crépuscule à l’aube, une histoire que je ne cesse de reprendre du début, pour qu’à la fin le cercle se transforme en spirale.
Hélène Dorion a publié plus d’une vingtaine de livres. Son œuvre, traduite et publiée dans une quinzaine de pays, lui a valu plusieurs distinctions et prix littéraires. Elle a reçu le prix Anne-Hébert pour son récit Jours de sable. En 2005, elle a été la première Québécoise à se voir décerner le prix de l’Académie Mallarmé, remis pour l’ensemble de son œuvre à l’occasion de la parution de Ravir : les lieux, qui lui a aussi valu le prix du Gouverneur général du Canada. En 2006, elle a été reçue à l’Académie des lettres du Québec, et en 2007, elle est décorée de l’Ordre national du Québec. En 2009, elle a obtenu le prix Charles-Vildrac de la Société des Gens de Lettres de France, pour son livre Le Hublot des heures.
• Prix de la revue Études françaises 2009