« — Peux-tu me décrire, mon hibou, ce que tu avais dessiné dans ta classe? poursuit Ricky, encore un peu secoué par le tintouin amplifié de notre crocodile.
— Une grande plage avec des jeux et la mer et le soleil et des oiseaux et des châteaux de sable et des ballons et des parasols et des coquillages et des écrevisses et des bateaux à voile… retrace-t-il avec la main droite pour bien rapporter la position de chaque élément sur une feuille imaginaire.
— Est-ce qu’il y avait aussi des gens sur ton dessin ?
— Oui. Moi, les Cormier et vous deux sur vos chaises longues. J’avais écrit…
Il recommence à mugir de plus belle avant de compléter sa phrase. Il court dans son sac chercher le dessin et reviens, toujours en larmes.
C’est alors que l’on comprend mieux l’infâme outrage de la pauvre Madame Lucie… Elle a daigné biffer en rouge “mépapasonlà” pour écrire en dessous : “Mes papas sont là.”… à même l’œuvre d’art ! La pauvre enseignante se voit ainsi vouée à l’enfer pour l’éternité. »