Ă ceux qui prĂȘchent la tolĂ©rance et la libertĂ© et qui voudraient la dĂ©crire, il existe une tyrannie bien plus sournoise : la musulmophobie.
A-t-il jamais existĂ© dâautre intolĂ©rance Ă lâencontre du Musulman que dans lâessoufflement dâune sociĂ©tĂ©, dâun pouvoir, dont lâexigence fondamentale est de limiter officiellement, et de ne rien admettre officieusement qui pĂ»t, Ă©chapper Ă son contrĂŽle et menacer son autoritĂ© et de ce fait, risquer de se dresser contre lui ? Sans doute ne paraĂźt-il pas excessif de soutenir quâil y a musulmophobie partout oĂč il y a intĂ©rĂȘt, crise, pouvoir, identitĂ©, Ătat et religion, et cela, quels que soient les accommodements que lâune ou lâautre Ă©poque amĂ©nage.
La rigueur dogmatique des sociĂ©tĂ©s tout au long des siĂšcles, gĂ©nĂ©ralement solidaires dâune certaine vision du Musulman, nâa jamais tolĂ©rĂ© les Ă©carts en fait de son interprĂ©tation. Elles ont marquĂ© du sceau de la musulmophobie leurs intransigeances le cours de son histoire.
En ce dĂ©but du XXIe siĂšcle, les circonstances de la musulmophobie rappellent Ă maints Ă©gards celles du VIe siĂšcle. Peut-ĂȘtre le sens dâune telle musulmophobie sâĂ©claire-t-il Ă la lumiĂšre des rapports entre lâIslam et les autres croyances dĂšs son avĂšnement ?
En effet, la musulmophobie religieuse paraĂźt dĂ©risoire en regard de la musulmophobie idĂ©ologique qui lâa remplacĂ©e. Il nâexiste guĂšre plus de salut hors de lâĂtat - et de sa sociĂ©tĂ© - que naguĂšre hors de lâĂglise. Entre les rĂ©gimes de libertĂ©s formelles et les rĂ©gimes de centralisme bureaucratique, la musulmophobie des seconds sert le plus souvent de faire-valoir Ă la musulmophobie des premiers.
Ceux-ci, tout en accrĂ©ditant la thĂšse dâun Islam pernicieux, savent la gĂ©rer et la dĂ©velopper selon leurs intĂ©rĂȘts. Une sociĂ©tĂ©, un Etat repliĂ© sur une structure protectionniste obĂ©it facilement Ă des rĂ©actions de xĂ©nophobie, de sĂ©grĂ©gation, dâexclusion surtout si lâautre est Musulman. Ainsi en va-t-il de la musulmophobie.