On a longtemps pensĂ© dĂ©couvrir les lois de lâapprentissage en soumettant un rat Ă lâĂ©preuve du labyrinthe. Certes, si on le rĂ©compense, le rat « apprend » le parcours. Mais Ă quelle question le rat rĂ©pond-il rĂ©ellement ? Que signifie le labyrinthe pour lui ? Comment interprĂšte-t-il la rĂ©compense ? Aujourdâhui, la rĂ©ussite du processus de lâhabituation dans lâobservation des primates nâest plus considĂ©rĂ©e comme le seul rĂ©sultat du travail des humains. Elle tiendrait tout autant Ă la volontĂ© des singes de se laisser approcher (la proximitĂ© des observateurs reprĂ©senterait une protection pour eux). Pour certains, la prise en compte des dimensions relationnelles constitue un artefact quâil faut Ă©radiquer : lâanimal rĂ©pondrait en fait Ă une autre question que celle qui lui est posĂ©e. Selon dâautres, toute situation scientifique interrogeant les vivants relĂšverait elle-mĂȘme de lâartefact. Les animaux ne « rĂ©agissent » pas Ă ce que nous leur soumettons : ils interprĂštent une demande et leur rĂ©ponse traduit leur point de vue sur la situation. Câest Ă elle quâil faut sâintĂ©resser. Les scientifiques travaillant sur le bien-ĂȘtre animal suivraient-ils cette voie prometteuse ? Quelles sont les conditions permettant de tels changements ? Telles sont les questions que ce livre leur adresse. On y dĂ©couvre que le fait dâinterroger les animaux sur ce qui les rend heureux pourrait inciter les scientifiques Ă modifier leurs pratiques et admettre que le point de vue de ceux quâils Ă©tudient constitue en fait le vĂ©ritable objet de leurs recherches.