De ma position présente, il ne faut pas conclure que j'ai eu la Fortune pour
marraine. Mes ancĂȘtres, si le mot n'est pas bien ambitieux, Ă©taient des
pĂȘcheurs ; mon pĂšre Ă©tait le dernier de onze enfants, et mon grand-pĂšre
avait eu bien du mal à élever sa famille, car dans ce métier-là plus encore
que dans les autres, le gain n'est pas en proportion du travail ; compter sur
de la fatigue, du danger, c'est le certain ; sur un peu d'argent, le hasard.
Ă dix-huit ans, mon pĂšre fut pris par l'inscription maritime ; c'est une espĂšce de conscription, au moyen de laquelle l'Ătat peut se faire servir par tous les marins pendant trente-deux ans... de dix-huit Ă cinquante. Il partit ne sachant ni lire ni Ă©crire. Il revint premier maĂźtre, ce qui est le plus beau grade auquel parviennent ceux qui n'ont point passĂ© par les Ă©coles du gouvernement.
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