Grégoire de Nysse, l'un des plus grands théologiens du christianisme primitif, nous offre dans cette œuvre une réflexion profonde sur la foi chrétienne et la théologie. Composé vers la fin du IVe siècle, ce texte est un exposé systématique des doctrines chrétiennes, destiné à instruire les catéchumènes, c'est-à-dire ceux qui se préparent au baptême.
Dans ce discours, Grégoire s'efforce de rendre accessible les concepts théologiques les plus complexes, en les présentant de manière claire et structurée. Il aborde des thèmes fondamentaux tels que la Trinité, la Création, le salut par le Christ, et la résurrection des morts. Grégoire montre une grande habileté à harmoniser la foi avec la raison, cherchant à convaincre non seulement par la foi, mais aussi par la logique et la philosophie, ce qui était novateur pour l'époque.
Ce texte est également une défense du christianisme contre les critiques païennes et hérétiques. Grégoire répond avec finesse aux objections de ceux qui doutent ou déforment les enseignements chrétiens, affirmant la vérité de la foi chrétienne tout en démontrant sa compatibilité avec la pensée philosophique.
L'œuvre de Grégoire de Nysse reste un témoignage précieux de la pensée théologique du christianisme primitif, illustrant la manière dont les premiers Pères de l'Église ont articulé et défendu les croyances qui allaient devenir les fondements de la doctrine chrétienne. Son discours, bien que destiné à un public du IVe siècle, conserve une pertinence intemporelle pour ceux qui s'intéressent à la théologie et à l'histoire de l'Église.
Le Discours catéchétique tient dans l’histoire du dogme une place très importante. Cet exposé de la doctrine orthodoxe s’adresse aux catéchistes plutôt qu’aux catéchumènes, leur offrant un manuel pratique afin de pouvoir répliquer aux critiques les plus courantes. Les sujets théologiques sont ici ordonnés sous 40 chapitres, dans un ordre logique et historique, depuis la création de l’homme jusqu’à sa rédemption.
Extrait 1 : « L'enseignement catéchétique est nécessaire aux initiateurs du mystère de la piété, pour permettre à l'Église de s'accroître par l'augmentation des âmes sauvées, en faisant entendre aux infidèles la parole digne de foi de la doctrine. Toutefois la même méthode d'enseignement ne saurait convenir à tous ceux qui viennent écouter la parole. Il faut, au contraire, s'inspirer de la diversité des religions pour y ajuster diversement la catéchèse, et tout en proposant le même but à l'enseignement, recourir, suivant les cas, à des arguments différents. Le sectateur du judaïsme a, en effet, telles préventions qui ne sont pas celles de l'homme élevé dans l'hellénisme ; de même pour l'Anoméen, le Manichéen, les partisans de Marcion, de Valentin, de Basilide, et toute la série de ceux qui se sont égarés dans l'hérésie. Chacun d'eux a des préventions particulières ; d'où la nécessité d'entrer en lutte contre les croyances sur lesquelles ils se fondent. Car la nature de la maladie doit déterminer la forme du traitement qu'on lui applique. »
Extrait 2 - XXXI. LA FOI DOIT ÊTRE LIBRE « Mais même devant des raisons de ce genre, les adversaires ne restent pas à court de répliques et de chicanes. Dieu pouvait s'il le voulait, disent-ils, amener de force les récalcitrants eux-mêmes à accepter la bonne nouvelle. Où serait donc ici le libre arbitre ? Où serait la vertu et la gloire d'une conduite droite ? C'est seulement aux êtres inanimés et privés de raison qu'il appartient de se laisser mener au gré d'une volonté étrangère. La nature raisonnable et pensante, au contraire, si elle met de côté la liberté, perd du même coup le privilège de la pensée. Quel usage fera-t-elle en effet de la raison, si le pouvoir de choisir à son gré dépend d'un autre ? »