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Et dans la forêt, j'ai vu : Une histoire d'évasion

Livre numérique


Toscane, 1928.

Dans un village isolé et pauvre, la fille du maire, qui n’a plus prononcé un mot depuis la disparition de sa mère, semble s’éveiller à l’arrivée d’un cirque itinérant sur la place du bourg.

Bientôt s’installe une confrontation entre les saltimbanques et le maître des lieux. Que s’est-il passé, jadis, dans la forêt qui borde le village ? Quel mystérieux pouvoir possède le vieil éléphant de la troupe ? Où commence l’illusion, où s’arrête la réalité ?

Une histoire pour réfléchir à la réalité du pouvoir et au pouvoir de la réalité.

EXTRAIT

Assis sur la planche en bois à côté de Luigi, Sandro somnole. La route de terre est douce pour les roues du vieux chariot, et les deux chevaux, à l’avant, prennent leur temps sous le soleil pesant. À quoi servirait de courir ? Luigi laisse les rênes pendre et se fie à ses montures. Ils arriveront toujours à temps dans le prochain village ; là, il faudra voir l’accueil. Il y a des fascistes qui n’aiment pas les saltimbanques, et le cirque de Luigi n’est pas du genre flamboyant. Depuis 1922 et l’arrivée au pouvoir du Duce, les affaires périclitent. Mais peut-être est-ce une excuse. C’est peut-être lui, Luigi, qui vieillit. L’illusionniste s’illusionne avec ses « peut-être » ; il vieillit, et Mussolini n’y est pour rien. Ce qui n’empêche pas Luigi de détester Mussolini.

Pourtant, en matière d’illusion, il faut reconnaître que le Duce s’y connaît. Luigi a assisté à quelques meetings et il a vu comment les rues des villes et des villages paradaient en l’honneur de celui qui rendait à l’Italie humiliée son honneur et ses vertus… Ce que le saltimbanque réussit à faire dans le huis clos minuscule de son chapiteau, Mussolini l’accomplit à l’échelle d’un pays entier. Il a dressé les Italiens et les Italiennes, quitte à les dresser les uns contre les autres, il en a fait des moutons, ou des chats, ou des cochons pour certains, des loups pour d’autres. Tous viennent manger dans sa main, et tous redoutent son fouet. Luigi crache par terre ; jamais il n’aurait engagé ce Benito dans son cirque, même si la fortune était assurée. Jamais les spectacles de Luigi n’ont trompé les gens pour le plaisir de les berner. S’il les trompe, c’est pour leur offrir du plaisir, sans qu’ils soient dupes.

CE QU’EN PENSE LA CRITIQUE

- « Une très belle histoire de rêve et de poésie. Une histoire qui donne à réfléchir sur le pouvoir de la réalité. Premier livre de Vincent Engel pour la jeunesse, une réussite. » (L’Ibby Lit)

- « Vincent Engel use de son art de conteur pour nous plonger, une fois encore, dans la Toscane qu’il nous fit découvrir avec Retour à Montechiarro. Décrivant les dessous d’une société totalitaire, ce nouveau roman jeunesse mêle fiction et illusion. L’auteur aborde avec poésie une réflexion sur la puissance de l’illusion et du rêve… transportant le lecteur dans le fantastique où magie et force d’imagination auront pouvoir de guérison sur le corps… sur l’esprit. » (La bibliothèque du rat)

- « Une confrontation entre villageois et gens du cirque décidés à faire la lumière sur un drame qui s’est déroulé des années auparavant en forêt. » (Livres Hebdo)

A PROPOS DE L’AUTEUR

Professeur de littérature contemporaine à l'Université catholique de Louvain (UCL) et d'histoire contemporaine à l'IHECS, Vincent Engel a écrit de nombreux essais, romans, nouvelles ou pièces de théâtre. Il est aussi critique littéraire et chroniqueur ; à ce titre, il a collaboré avec Le Soir, Victoire (supplément hebdomadaire du Soir) et Mint en radio. Depuis 2014, il collabore avec La Première, en tant que chroniqueur au sein de l'équipe de l'émission CQFD.

Chez Ker, il est l'auteur de nombreuses pièces de théâtre, d'un essai ainsi que de plusieurs romans, comme Raphael et Laetitia et Les Diaboliques.