Il avait traversé les récentes années sans se poser de questions. À la faveur de l’avènement du nouvel ordre, il avait obtenu un statut et un respect qui lui avaient été auparavant toujours refusés. En peu de temps, on l’avait extrait de son effacement, de la masse des autres hommes. On lui avait assigné une fonction et un rang. On l’avait usiné. On en avait fait un outil efficace. Des ordres lui étaient donnés. Il les exécutait. Il n’avait pas senti venir le chaos. Le grand mécanisme s’était effondré.
Était-il coupable ? Coupable d’avoir obéi ? Ou coupable de ne pas avoir désobéi ? Lui n’avait fait que suivre. Était-il en cela moins responsable que les autres ? Moins que Viktor ?
Fantaisie allemande est un roman à la puissance évocatrice rare. Cinq histoires entremêlées, où les personnages pris dans une danse macabre passent et s’égarent, en proie à leur destin, lues avec une grande sensibilité par Noam Morgensztern de la Comédie-Française.