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Gigi : Enregistrement historique de 1956

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Au tournant du XXe siècle, on laisse de plus en plus à la jeune fille la liberté de choisir son mari ; une place est faite à ses préférences et plus encore à ses inclinations : on lui permet d'aimer, quitte à contredire les us et coutumes qui mettent l'amour après le mariage - la femme n'attend plus d'être mariée, d'avoir acquis une identité sociale par sa dot, pour éprouver des sentiments. D'où l'insistance de Gigi : être aimée comme elle aime ; échapper au conventionnel d'une vie mondaine où elle sera traitée en conquête de l'homme, faire-valoir négligeable de la masculinité qui l'entretient.

Pourquoi Colette évoque-t-elle cette révolution des mœurs à presque un demi-siècle de distance ? Que cherche-t-elle à revivre ? Son mariage avec Willy comme celui avec Henry de Jouvenel lui font encore mal. Gigi n'est peut-être pas l'ingénue qu'on croit. Pour Colette, c'est "l'attardée" - titre qu'elle donna tout d'abord à ce court roman. Gigi, en effet, fait moins triompher l'amour sur le mariage qu'elle ne s'illusionne sur lui.

Habituée aux rôles d'ingénue au cinéma, Danièle Delorme incarne Gigi en 1948 dans un film de Jacqueline Audry ; elle prête ici sa voix à la radio et retrouve le caractère dialogué et spontané de l'écriture de Colette.