Isidore Rosenbaum est un cas singulier parmi les très rares survivants des déportations de 1942. Durant les trente et un mois qu'il passe au sein du système nazi d'extermination des Juifs d'Europe, il résiste à la violence continuelle, à la terreur, à la déshumanisation et à la faim dans plusieurs camps - dont il nous restitue lesspécificités -, et à une « marche de la mort ». Mal aimé de sa mère qui le violente, Isidore fugue très jeune, plusieurs fois, pour se soustraire à l'autorité de ses parents, très modestes immigrés de Pologne. Délinquant, il aboutit en prison avant de subir la discipline et la violence d'une colonie pénitentiaire pour mineurs. Finalement libéré en 1938, ce « titi » parisien de 15 ans et demi se débrouille dans l'insouciance du reste du monde. Il s'adapte aux circonstances de la guerre, propices à son indépendance, sans conscience de la réalité des dangers. Il tombe aux mains des nazis en passant clandestinement la ligne de démarcation et se retrouve peu après interné à Pithiviers, prélude de sa déportation vers Auschwitz. S'il déclare qu'il est né à l'âge de 22 ans, ce n'est pas seulement parce que ce jour-là fut d'abord le jour officiel de la paix et le jour où il rejoint Paris libéré, mais parce que, majeur, il peut enfin commencer une vie nouvelle.