Le Désordre ou Shaytanisme qui règne dans le monde est donc réuni pour faire du phénomène jinnien un mélange explosif. En effet, le concept de Jinn apparaît dans les sociétés actuelles comme un héritage archaïque mais ô combien vivace ! Il a été utilisé pour penser une articulation entre l'incroyance et la croyance.
Malheureusement, les oeuvres jinniennes sont restées une conception, en somme, toute inconcevable.
Où se trouve le Jinn ? A quels signes le reconnaît-on ? Y a-t-il un moyen particulier apte à l'appréhender ? Le Jinn demeure une entité qui ne connaît aucune théorisation et c'est là qu'est le problème essentiel. On se replie alors sur les trois notions du Jinn : invisible, subtile et surnaturelle. Le Jinn est aux frontières du concept de l'irréel. En effet, au-delà de cette limite, il n'y a plus que des êtres et des puissances surnaturelles. Le problème est alors le statut jinnien : est-ce dans la nature que se situe le Jinn ?
Quoi qu'il en soit, le Jinn reste emprunt de mystères que véhicule l'histoire relative aux temps primordiaux et à l'origine du monde, transmise par la culture populaire à la postérité.
Le Jinn requiert la croyance dans la société où il a cours : son authenticité ontologique est éprouvée comme dévoilement et confirmée par l'adéquation du rite rouqiya (exorcisme). Le Jinn apparaîtra comme l'antithèse de l'Homme et une révélation du monde supraphysique. C'est dire que le Jinn mène à la vérité objective : il est dans la nature, en constitue un élément important, même si ce dernier appartient à l'univers prodigieux du Ghaiyb (univers de l'Invisible), hélas impénétrable pour l'Homme !