On retrouve dans Tomber vers le haut cette même voix passionnée de vérité, aimantée par le transcendant et amoureuse du vivant, qui animait le roman Mostarghia. Nourri de l’expérience de l’auteure, qui a connu, enfant, le démantèlement de l’ex-Yougoslavie, cet essai développe une réflexion sur la violence des cultures et des religions qui s’enracine toujours dans la peur de la différence, de notre propre étrangeté projetée sur l’autre. Pour surmonter cette rivalité mimétique, Tomber vers le haut s’appuie sur une vision organique de l’univers en vertu de laquelle notre propre pensée est une parcelle de la conscience cosmique. La réussite de cet essai ambitieux, qui se veut un pont entre l’Orient et l’Occident, tient à ce qu’il chemine au fil de lectures et de pérégrinations qui vont de Platon à Nietzsche, de Cyrulnik à Girard, de Maalouf à Zweig, du Québec au Liban en passant par la Suisse, de sorte qu’il se lit comme un récit de voyage et le roman d’une pensée.