José Moselli (1882-1941)
"– M. Joé Blanket, de Scotland Yard ! annonça l’huissier en tendant un large bristol à M. Serpier, le nouveau chef de la Sûreté. Ce Monsieur dit que c’est extrêmement urgent !
– Joé Blanket ? Ah ! oui ! murmura le haut fonctionnaire, les sourcils froncés. Eh bien !... faites entrer !
Fatigué par une nuit mouvementée, passée à donner la chasse à un dangereux anarchiste et à l’arrêter, M. Serpier venait brusquement de se rappeler le nom de son visiteur. Un visiteur de marque, en vérité ! Joé Blanket ! Le grand détective anglais dont les enquêtes étaient célèbres dans le monde entier, Joé Blanket, qui avait réussi à arrêter, après dix-sept mois de filature, les assassins du cousin de l’empereur du Japon, qui avait découvert les cambrioleurs de la grande bijouterie du Strand plus d’un million de livres sterling de butin ! Joé Blanket, enfin, le grand Joé Blanket.
– Il faut, décidément, que je sois rudement fatigué ! pensa M. Serpier, juste au moment où la porte de son cabinet s’ouvrait pour laisser passer un gentleman grand et maigre, à la face osseuse et rasée – lèvres presque invisibles, nez en coupe-vent, petits yeux gris – et dont les vêtements, sobres de coupe, sombres de nuance, annonçaient plutôt un clergyman qu’un policier.
– Enchanté monsieur Blanket, de faire votre connaissance ! assura M. Serpier, qui s’était levé. Soyez le bienvenu ici ! Je...
– Merci ! fit Joé Blanket d’une voix rauque, comme cassée. Merci ! répéta-t-il. Je... je vous priai de me écouter vite... Dans dix minoutes, j’étais mort !"
Le détective anglais Joé Blanket vient mourir dans le bureau de M. Serpier, le chef de la Sûreté... Cependant, quelques minutes plus tard, un second Joé Blanket pénètre dans le bureau du policier français...