(0)

Tyrannicide

Livre numérique


" Pas mal , n'est-ce pas ? Cela vaut largement certaines niaiseries qu'on lit dans la NRF en tout cas. " Il y a quinze ans que Gérard J. attendait ce courrier. Quinze ans, et enfin la sixième version du manuscrit auquel il aura consacré tous ses efforts lui vaut un billet manuscrit de Philippe Sollers. Après les lettres types d'une politesse glacée, après les rapports de lecture aussi malhonnêtes qu'impitoyables, le plus illustre éditeur de Paris a donc consenti à répondre lui-même à cet éternel candidat à la " Blanche ". Il était temps : la négligence d'un seul homme ne privait-elle pas des millions de lecteurs du plus grand roman écrit depuis un demi-siècle ? Hélas, l'injustice et la mauvaise foi sont encore au rendez-vous... La maison Gallimard ne semble toujours pas prête à faire rayonner l'astre littéraire

! Consterné par l'arrogance désinvolte de son interlocuteur, Gérard J. ne se résoudra pas à ce sixième refus sans exprimer une fureur et une frustration trop longtemps contenues. L'éditeur comprend-il bien qu'il lui a volé rien moins que sa vie ? Qu'il a condamné un immense écrivain, promis à une palpitante existence parisienne, à moisir dans un lycée technique de Pau ? À rester un vieux garçon offrant le plus clair de son temps à sa mère handicapée ?... Non, bien sûr. C'est pourquoi Gérard J. se voit contraint, dans une lettre à la férocité légitime, de lui exposer ses propres idées sur la notion de crime littéraire.

Tout en jouant habilement avec les clichés qu'entretiennent " écrivains provinciaux en herbe " et " intellectuels parisiens " les uns au sujet des autres, Giulio Minghini propose, avec

, une désopilante partie d'échecs ; un duel entre pouvoir et talent, interprété sur une gamme d'ironie et de sarcasmes où s'éclairent définition et destin d'une œuvre littéraire.