Max du Veuzit (1876-1952)
"– Êtes-vous contente d’Isabelle ? s’informa d’un ton d’impératrice Mme Rabel-Fouquet.
– Mademoiselle votre nièce a très bien chanté, aujourd’hui, madame, se hâta de répondre l’humble professeur de chant qui venait tous les deux jours dans cette imposante demeure, pour y cultiver la voix de la pupille de Mme Rabel-Fouquet.
– Il me semble, reprit avec hauteur cette dernière, que les vocalises de ma nièce ont été moins onctueuses que d’ordinaire.
– Je ne trouve pas, madame, protesta l’artiste. Mademoiselle n’a que vingt ans et il me paraît nécessaire de ne pas trop forcer sa voix. Je la forme sans fatigue ; petit à petit, nous arriverons à l’ampleur totale, sans la moindre anicroche. N’est-ce pas la plus sage manière d’être utile à mon élève ?
– Heu ! Je ne sais si, vraiment, c’est la meilleure façon d’apprendre, fit avec prétention la vieille dame. Mon aïeule, Isabelle Fouquet, chantait déjà à l’Opéra à l’âge de ma nièce, et son talent s’était imposé à tous.
– Mlle Fouquet devait avoir une voix merveilleuse, acquiesça le professeur, avec une admiration qui cherchait à flatter la maîtresse de maison.
– Une voix de toute beauté, en effet, affirma celle-ci en se rengorgeant. La légende dit que mon aïeule, quand elle chantait, faisait taire les oiseaux eux-mêmes, qui cessaient de siffler pour mieux l’écouter..."
Romance.
Isabelle, jeune orpheline de 20 ans, ne supporte plus sa tante chez qui elle vit. Elle décide de fuir et s'en va à Paris. Comment pourra-t-elle vivre sans argent et sans relation ?