Je rouvre ma lettre: les journaux du matin m'apprennent la mort de Loisillon. Ces coups du destin vous Ă©meuvent, mĂȘme quand ils sont attendus et prĂ©vus. Quel deuil, quelle perte pour les lettres françaises! Ma pauvre Germaine, voilĂ mon dĂ©part encore retardĂ©.
RĂšgle les closiers. A bientĂŽt des nouvelles. Il Ă©tait Ă©crit que ce Loisillon aurait toutes les chances, mĂȘme de mourir Ă temps. Huit
jours plus tard, les salons fermés, Paris dispersé, la Chambre, l'Institut en vacances, quelques délégués des sociétés nombreuses dont il fut président ou secrétaire auraient
suivi ses funĂ©railles derriĂšre les coureurs de jetons de l'AcadĂ©mie, rien de plus. Mais industrieux par delĂ la vie, il partait juste Ă l'heure, la veille du grand prix, choisissant une semaine toute blanche, sans crime, ni duel, ni procĂšs cĂ©lĂšbre, ni incident politique, oĂč l'enterrement Ă fracas du secrĂ©taire perpĂ©tuel serait l'unique distraction de Paris...