Le corps d'une jeune femme est retrouvé dans le blockhaus de la dune de l'Île-Tudy.
Il est des lieux de sinistre mémoire… Ainsi en est-il de ce blockhaus qui défigure la dune de l’Île-Tudy, en sud-Finistère. Lorsqu’on y découvre un corps sans vie, étrangement mutilé, c’est l’émoi dans le paisible petit port, d’autant que la victime était une jeune femme sans histoire… À charge alors pour les fidèles Perrot et Lefèvre, secondés par la frêle Colombe, de démêler l’écheveau qui les mènera au cœur de cercles sataniques. Il est des lieux de sinistre mémoire… Alors quand Le Diable s’en mêle…
Découvrez sans plus attendre une nouvelle enquête pour Perrot et Lefèvre au cœur de cercles sataniques.
EXTRAIT
Le silence était pesant, entrecoupé seulement par le cliquetis cruel des instruments qu’on laissait retomber dans les bacs. Pour qui n’était pas familier des lieux, l’atmosphère saturée d’émanations de désinfectant piquait les yeux et le nez. La fraîcheur qu’accentuait encore le carrelage blanc courant sur les murs, faisait frissonner. À moins que la cause de ce frémissement ne soit à chercher ailleurs : dans l’appréhension irrationnelle et viscérale de la mort.
La tête coiffée d’un bonnet chirurgical et le corps vêtu d’une longue blouse blanche, Régis Lenôtre était penché au-dessus de la table d’examen. Autour de lui, les chariots métalliques surchargés de matériel de dissection rutilaient. Le linoléum brillant était impeccable - miroir improbable d’une issue non fatale. Les lèvres du légiste s’activaient comme s’il se fût entretenu avec un interlocuteur ordinaire. Vision étrange, presque dérangeante. Plongé dans ses pensées, le médecin n’avait pas entendu l’officier entrer. Il parlait à la victime ou peut-être à lui-même, en un désir inconscient d’amener un peu d’humanité et de normalité dans un laboratoire peuplé de fantômes. Pourtant, en s’approchant davantage, le policier s’aperçut que le ton du monologue était rythmé, mélodieux : en réalité, le légiste murmurait un poème. Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’âme romantique du légiste s’accommodait du spectacle de la mort et y trouvait même une source d’inspiration.
« Laisse-moi respirer longtemps, longtemps,
L’odeur de tes cheveux,
Y plonger tout mon visage, comme un homme
Altéré dans l’eau d’une source,
Et les agiter avec ma main comme un mouchoir
odorant,
Pour secouer des souvenirs dans l’air. »
À PROPOS DE L'AUTEURE
Anne-Solen Kerbrat est née en 1970 à Brest, et a d’abord vécu entre Côtes d’Armor et Finistère sud.
Professeur d’anglais dans le secondaire puis le supérieur, elle est passée par le Val d’Oise, la Charente-Maritime et le Bordelais avant de poser ses valises à Nantes.
Elle se consacre aujourd’hui à l’éducation de ses quatre enfants, à la traduction et… à l’écriture.
Son style féminin, à la fois sensible et incisif, et la qualité de ses intrigues sont régulièrement salués par la critique. Son premier roman a été récompensé par le Prix du Goéland Masqué en 2006.