M. Fouque, un petit homme riche, réputé sans importance et sans autorité, reçoit un jour une lettre anonyme à son bureau: sa femme, Julie, a rendez-vous chaque mercredi, à trois heures, dans la cabane d’un bûcheron. Il décide de s'y rendre. Sur les lieux la conclusion est évidente: «Je suis cocu... cocu...» répète-t-il incessamment. Ce n'est pourtant ni la jalousie, ni la rancune, ni le déshonneur qui le font souffrir. Ce qui l’obsède, c’est l’opinion d'autrui sur sa réaction: «doit-il provoquer son rival, chasser Julie, ou leur pardonner?»
La nouvelle «La Fortune De M. Fouque» donne le ton à «Des Couples», premier recueil de nouvelles de Maurice Leblanc, publié en 1890. Le recueil, rédigé d'une plume claire et ironique, est à la fois un tableau du XIXe siècle, de Rouen et de la Normandie, et une leçon de morale quant à la vie en couple — sur l'adultère, le mariage, les sentiments amoureux, et la séduction.
Maurice Leblanc (1864-1941) est l’auteur de nombreux romans policiers, mais il est surtout le père du fameux Arsène Lupin. Né d’une famille de négociant, il fuit en Ecosse durant la guerre franco-allemande, puis revient étudier à Rouen. Déjà, il fréquente Gustave Flaubert et Guy de Maupassant. Il refuse de faire le travail imposé par son père dans une fabrique de cadres, et s’oriente vers le métier d’écrivain. Avec ses romans-feuilletons («Une femme», en 1893) il attise la curiosité de quelques auteurs célèbres, dont Alphonse Daudet. Mais c’est lorsqu’il publie en 1905 «L'Arrestation d’Arsène Lupin», sur le modèle de Sherlock Holmes, qu’il connaît un succès retentissant. Il continue sur sa lancée avec «Arsène Lupin contre Herlock Sholmès» qui provoque la colère de Conan Doyle. Il renforce son personnage Arsène Lupin au fil de sa carrière, et aujourd’hui encore, on ne cesse d’apprécier ce gentleman-cambrioleur en livre, en film ou en série.