Un homme aime les animaux et les chérit du même amour qu'il témoigne à sa femme. Il adopte des oiseaux, un poisson doré, un beau chien, des lapins, un petit singe, et même un chat nommé Pluton — un chat noir, doux et délicat.
Puis vient l'alcool.
L'homme devient irritable, morne. Il ne caresse plus ses animaux. Il les frappe, comme il frappe bientôt son épouse. Et il hait son chat noir.
Une nuit, alors qu'il rentre chez lui ivre, il empoigne Pluton, tire de sa poche un couteau, et l'enfonce lentement dans les yeux du chat...
Ce conte traduit par Charles Baudelaire est l'un des plus noirs d'Edgar Allan Poe. À la croisée du fantastique, du gothique et de l'horreur, il révèle la psychologie d'un homme en proie à l'alcoolisme et la folie. Mais c'est aussi une étude de la perversité — une descente aux enfers.
Né aux États-Unis, Edgar Allan Poe (1809-1849) perd ses parents très jeune. Il poursuit des études brillantes, mais est forcé de les stopper à cause de soucis financiers. Il s’engage alors dans l’armée et se fait volontairement renvoyer pour se lancer dans une carrière d’écrivain. Ses poèmes ne rencontrant pas un fort succès, il travaille pour un journal. Peu à peu, il acquiert une notoriété, gagne un concours de nouvelles, et publie en 1845 « Le Corbeau ». Grâce à sa nouvelle renommée, il parvient à monter sa propre revue. Mais sa joie est bouleversée par la mort de sa compagne Virginia. Poe sombre dans l'alcoolisme. Il laissera derrière lui une série d'œuvres traduites par Baudelaire, et qui feront de lui le précurseur de tout un mouvement ainsi que du genre policier et fantastique.