Les nouvelles de ce recueil sont symboliques, emplies d'images propices au dévoilement: tantôt un masque, tantôt un miroir. On s'inquiète du destin tragique du pirate, du galérien, du pestiféré, de la jeune fille, tous si similaires. La première nouvelle éponyme donne le ton.
Au palais, nul homme n'avait jamais fait face au Monarque, le visage découvert. Depuis des temps anciens, à l'imitation du Roi au masque d'or, les bouffons, les prêtres et les femmes portent un masque qui reflète leur fonction sociale. Or, un jour, un mendiant aveugle et au visage nu se présente au Roi, lui dévoile ce qu'il entend sous les masques de ses sujets, puis lui demande: «Et toi-même, roi masqué d’or, qui sait si tu n’es pas horrible malgré ta parure?» Le monarque le chasse, mais un doute le prend tout entier. Qui suis-je? Que se cache-t-il vraiment sous mon masque? Et alors que les miroirs sont interdits, le Roi décide de quitter son palais en quête de son identité.
Marcel Schwob (1867-1905) est un grand écrivain français. Il naît d'une famille d'érudits. Son père dirige à Tours «Le Républicain d'Indre-et-Loire», puis à Nantes, «Le Phare de la Loire». A sa mort en 1892, Marcel Schwob lui succède. Il est dans le même temps élève au lycée, où il gagne de nombreux prix d'excellence. En 1881, il se rend à Paris pour poursuivre ses études au lycée Louis-le-Grand. Il y rencontre Léon Daudet et Paul Claudel, et découvre l'un de ses modèles Robert Louis Stevenson, auteur de «L'Île au trésor». II poursuit sa carrière comme homme de lettre, et fréquente Paul Valéry, André Gide, et même Oscar Wilde. Il publie en 1894 «Le livre de Monelle», qui inspirera André Gide à l'écriture des «Nourritures terrestres».