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Le trou des parpaillots : Nouvelles

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Les mythes confus d'un village du Saumurois.

Dans les annĂ©es 1950, on ne se dĂ©place guĂšre qu’à vĂ©lo. On ne va donc guĂšre plus loin que chez les voisins. Cette vie en vase clos favorise l’éclosion puis la fermentation de mythes confus. Dans les celliers de ce village du Saumurois oĂč « le p’tit vin pour la soif » est gouleyant, on suppose, on suppute, on soupçonne jusqu’à ce qu’émergent des certitudes qui, ensuite, vibrionnent les cervelles. Les aphorismes Ă©dictĂ©s par la sagesse populaire constituent les seuls thĂ©orĂšmes de vie de cette microsociĂ©tĂ©. Ils policent (Ă  la serpe
) des tempĂ©raments dĂ©jĂ  façonnĂ©s par l’ñpretĂ© des sols. MĂ©tayers et modestes propriĂ©taires cĂŽtoient le cantonnier, le curĂ©, le garde-champĂȘtre, le tueur de cochons, le chĂątelain


Chaque nouvelle de ce recueil a Ă©tĂ© arrachĂ©e Ă  leur auteur revenu dans son village natal pour la sĂ©pulture d’un proche. Chaque nom gravĂ© sur une stĂšle du petit cimetiĂšre lui a jetĂ© Ă  la face une poignĂ©e de vibrants souvenirs. Plus question pour lui de cĂ©der Ă  la naturelle inclinaison de laisser le temps accabler le passĂ© de ses irrespectueux coups de gomme.

A travers ce recueil de nouvelles, plongez dans les années 1950 et découvrez une poignée de vibrants souvenirs !

EXTRAIT

« D’oĂč vous vient cette constante volontĂ© de remplacer tout ce que Dame Nature vous propose par les fruits de vos divagations ? N’avons-nous pas toujours rĂ©solu les problĂšmes de traction de vos charges ? Pour faire plus, il suffit d’augmenter notre nombre. Pour aller plus vite, il suffit d’accroĂźtre le nombre des relais. Croyez-vous que tout ce que vous Ă©lucubrez peut se substituer sans dommage Ă  ce qui est beau, sain et gratuit ? À force d’agrandir les champs pour laisser passer vos monstres indĂ©licats, notre damier de parcelles colorĂ©es va se muer en un vaste espace uniforme et monotone dans lequel la petite caille ne trouvera plus le couvert. Adieu canepetiĂšre ! Adieu rĂąle des genĂȘts ! BientĂŽt, on ne saura mĂȘme plus que vous avez existĂ© ! Quand vos polluants engins auront achevĂ© de nous remplacer, sans respect ni reconnaissance, c’est vous qu’ils remplaceront. On n’entendra plus chanter les joyeuses troupes de vendangeurs remplacĂ©s par de vrombissantes machines. On n’entendra plus les sifflements des faux produits par les alignĂ©es de faucheurs. La batteuse entrera au musĂ©e. Ceux qui l’animaient s’entasseront dans les villes oĂč ils s’abĂȘtiront. Vous aurez rĂ©ussi Ă  Ă©teindre la vie de vos campagnes. C’est Ă  mourir de hennir. »

A PROPOS DE L'AUTEUR

Michel Pontoire est nĂ©, Ă  la fin de la seconde guerre mondiale, au cƓur d’une campagne saumuroise qu’il affectionne. Il a assurĂ©, successivement, les fonctions de professeur de collĂšge, instituteur, conseiller pĂ©dagogique puis directeur d’école – en France mais aussi au Mali, en GrĂšce, en Tunisie et en Allemagne. Il est l’auteur d’une application informatique de pilotage de classe (SPI-4). La retraite venue, il est devenu pĂȘcheur Ă  la ligne, cyclotouriste, canoĂ©iste au long cours sur la Loire, lecteur impĂ©nitent, hellĂ©niste invĂ©tĂ©rĂ© 
 et auteur de nouvelles.