Dans les dernières années de sa vie, Tourgueniev écrivit une série de poèmes qu'il avait l'intention de publier sous le titre de Senilia. Longtemps demeurés dans ses carnets ou parus par extraits, les quatre-vingt trois poèmes sont présentés ici dans leur première traduction intégrale, accompagnée de notes et d'une étude, publiée par Charles Salomon en 1931.
EXTRAIT
Le dernier jour de juin ; tout autour de moi, ces milliers de verstes, c’est la Russie, c’est mon pays natal.
Le ciel tout entier n’est qu’une mer bleu foncé, sans une ride ; un seul petit nuage... on dirait tantôt qu’il y navigue, tantôt qu’il y plonge et disparaît. Pas un souffle, grande chaleur... l’air qu’on respire — du lait encore chaud !
Les alouettes grisollent ; les pigeons roucoulent dans leur jabot ; en silence, les hirondelles fendent l’air ; les chevaux s’ébrouent et mâchent ; les chiens n’aboient pas ; ils sont là , tranquilles, agitant paisiblement la queue.
Cela sent la fumée, l’herbe, un peu le goudron3, un peu le cuir aussi.
Les chènevières sont déjà drues et répandent dans l’air leur senteur suffocante, agréable pourtant.
Ă€ PROPOS DE L'AUTEUR
Ivan Sergueïevitch Tourgueniev est un écrivain, romancier, nouvelliste et dramaturge russe né le 28 octobre 1818 à Orel et mort le 22 août 1883 à Bougival. Son nom était autrefois orthographié à tort Tourguénieff ou Tourguéneff.