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Dora : Roman

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Dora, une femme à l'âme souffrante et dérangée, décide de séduire son beau-frère Patrice, au détriment de leur couple et des conséquences de cet acte.

Tous les dimanches, la famille Dormesson se réunit. Patrice et Alicia, Julienne et Germain, et enfin, Christian et Dora. Dora, une femme étrange. Tantôt affectueuse et fragile, tantôt capricieuse et bornée. Perdue. Persuadée qu'elle est amoureuse de Patrice, elle tente de s'en rapprocher, de le séduire, se moquant des conséquences. De la souffrance qu'elle risque d'infliger.

Patrice et Alicia forment un couple solide, que rien ne semble pouvoir ébranler. Mais Patrice n'est qu'un homme et, progressivement, Dora va parvenir à le déstabiliser.

Si le couple de Patrice et Alicia est en difficulté, l'âme qui est en souffrance est bien celle de Dora. Une souffrance désabusée, désespérée.

Marianne Pierson-Piérard exploite son don d’observation en dressant une fresque humaine et en explorant admirablement bien la psychologie de ses personnages, alliant une écriture tendre et mélancolique. Un roman puissant qui mérite largement le prix Marguerite Van de Wiele qui lui a été attribué.

EXTRAIT

Et avec sa brusquerie coutumière, elle dit soudain :

— Patrice, ma mère était folle. On vous a dit qu’elle était morte de langueur dans une maison de repos. C’est ce que tout le monde croit. Elle s’est tuée dans un asile d’aliénés. Je suis la fille d’une folle, Patrice, d’une folle... Vous imaginez cela ?...

Cet aveu qu’elle s’était si souvent répété, d’être formulé à haute voix, l’emplit soudain d’une telle horreur qu’elle fondit en larmes.

Patrice, atterré par cette confession inattendue, ne savait comment intervenir. Machinalement, il consulta sa montre. Près de six heures. Il n’avait plus personne à recevoir. Du courrier à signer qui pouvait attendre... Il approcha une chaise du fauteuil de Dora et attendit qu’elle se fût apaisée.

Au bout de quelques instants, comme elle semblait ne pas pouvoir se calmer, il s’empara de ses deux mains et essaya, par des phrases banales, d’atténuer l’effet de ce qu’elle lui avait révélé :

— Voyons, quelle importance cela a-t-il ? Vous étiez très jeune quand votre mère est morte. Vous ne l’avez, pour ainsi dire, pas connue...

Ses mains étant prisonnières, Dora releva la tête. Ses yeux immenses brillaient de larmes, mais elle savait que cela ne pouvait l’enlaidir. Elle parla pour parler, pour que Patrice pût continuer de s’intéresser à elle, à sa lamentable histoire :

— Quelle importance ? C’est vous qui me posez cette question ? Mais vous savez bien que si j’avais connu cela avant de me marier, jamais je n’aurais épousé votre frère. Je n’avais pas le droit de me marier...

Ce mensonge l’occupa un instant. Avait-elle jamais pensé à cela ? Elle reprit, entraînée :

— Je n’avais pas le droit de me marier, pas le droit d’avoir des enfants. Or, Christian veut des enfants. Que dois-je faire ?

Dora tenta, pour les joindre dans un geste de désespoir d’arracher ses mains de celles de Patrice, mais il les retint.

Cette jeune femme qui venait se confier à lui éperdument l’émouvait, et le fait, nouveau pour lui, qui mettait son frère en question l’émouvait encore davantage.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Marianne Pierson-Pierard (1907-1981) vit sa petite enfance d'abord à Mons, puis à Bruxelles. Elle partage sa vie entre les voyages et l'écriture, qu'elle commence tard.

Elle publie une quinzaine de romans et nouvelles. Plusieurs ont été primés, dont Dora, qui remporte le prix Marguerite Van de Wiele en 1951.

Elle a un don particulier d'observation qui offre à ses romans une acuité psychologique particulière.