Après des années passées à Saint-Pétersbourg, le jeune étudiant Alexeï rentre au domaine familial où il va retrouver son père et son oncle. Un de ses amis l'accompagne : Bazarov, le « nihiliste ».
Avec Pères et fils, paru en 1862 au lendemain de l'abolition du servage, Tourgueniev décrit l'apparition en Russie d'une nouvelle génération dont l'esprit allait mener à la Révolution de 1917.
Traduction de Marc Semenoff et introduction de Pierre Pascal (1953).
EXTRAIT
— Alors, Pierre, on ne voit toujours rien ? »
Ainsi parlait, le 20 mai 1859, un homme âgé de quarante-cinq ans environ, vêtu d’un pardessus poussiéreux et d’un pantalon à carreaux, debout, nu-tête devant une auberge de la route de ... Il interrogeait son domestique, jeune garçon joufflu, au menton couvert d’un léger duvet blond et aux petits yeux ternes. Tout chez ce serviteur, depuis ses boucles d’oreilles en turquoises et ses cheveux luisant de pommade jusqu’à ses gestes onctueux, révélait l’homme évolué de la «jeune génération ». Il jeta un regard condescendant sur la route et répondit :
— On ne voit absolument rien.
— Rien ? répéta le barine2.
— Rien, dit encore le serviteur.
Ă€ PROPOS DE L'AUTEUR
Ivan Sergueïevitch Tourgueniev est un écrivain, romancier, nouvelliste et dramaturge russe né le 28 octobre 1818 à Orel et mort le 22 août 1883 à Bougival. Son nom était autrefois orthographié à tort Tourguénieff ou Tourguéneff.