Saigon est la ville du mal jaune, terrible langueur qui envahit les anciens europĂ©ens « français ou amĂ©ricains », ayant vĂ©cu au ViĂȘtnam. Le soir, devant un verre, le souvenir resurgit avec les images de jeunes filles en fleurs dans leur habit traditionnel, les odeurs un peu Ă©cĆurantes de la cuisine au ngoc man, du bruit et de la chaleur moite des nuits d'Asie. Des visages furtifs apparaissent comme dans un rĂȘve peuplĂ© d'ombres, oĂč Cholon et son cortĂšge d'excitations viennent buter sur le rĂ©alisme d'une ville qui changea de nom en 1975. Ă la turbulence du Sud est alors venue se substituer la froideur du Nord, Ă une sociĂ©tĂ© jouissive s'est imposĂ©e une rigueur doctrinaire, HĂŽ Chi Minh Ville est devenue un autre monde. Cependant, les apparences changent mais les hommes restent les mĂȘmes, et l'emprise des idĂ©ologies s'enfonce dans les habitudes d'insouciance, dans la luxuriance traditionnelle propre aux SaĂŻgonnais. Quels sont les changementsâ? ... des drapeaux rouges ... et de nombreuses motos japonaises. Mais la ville respire toujours son insouciance et sa joie de vivre, mĂȘme si les difficultĂ©s d'aujourd'hui obligent les habitants Ă plus d'imagination pour survivre.