Dans « Notes d'un peintre », publié en 1908 dans la Grande Revue, Henri Matisse expose avec clarté et passion ses réflexions sur la couleur, la forme et l'émotion en peinture. Cet essai, souvent considéré comme un véritable manifeste de son art, révèle la quête intime de l'artiste pour saisir l'essence de la beauté et transmettre une joie profonde à travers ses toiles. Matisse, alors figure phare du fauvisme, insiste sur l'importance primordiale de la couleur, qu'il envisage comme un moyen d'exprimer directement la sensation plutôt que de simplement reproduire la réalité. Ses propos témoignent d'un désir de libérer la peinture des conventions établies et d'insuffler une vitalité nouvelle dans chaque composition.
L'intérêt majeur de cet écrit réside dans la façon dont Matisse formule une pensée fondatrice pour l'art moderne : en privilégiant l'équilibre, la simplicité et l'intensité chromatique, il encourage les peintres à transcender les limites strictement figuratives. Son approche théorique, à la fois audacieuse et lucide, a profondément influencé les générations suivantes, qui ont vu en lui un maître du trait et du contraste. Bien plus qu'une simple déclaration d'intentions, « Notes d'un peintre » éclaire la démarche profonde de Matisse : donner à chaque touche de couleur une force expressive capable de communiquer, au-delà de toute barrière, un sentiment de bonheur et de plénitude.