Pascal ne peut pas ignorer la lettre de Murène. Il l'attendait. Il faut qu'il sache.
La mer, elle est partout. Et parfois, au milieu, il y a des îles. Pascal et Murène sont des insulaires mais pas de la même île. Lui, c’est une île de l’océan, et elle, une de Méditerranée. Ensemble, ils pêchent sur un chalutier. Le Mort, il s’appelle. Dessus, ballotés par les vagues et les tempêtes, ils vont bien ensemble. Mais à terre, avec leur passé à traîner, c’est pas facile tous les jours… La mer, on dit qu’elle est cruelle mais elle peut être généreuse aussi. La preuve, elle, elle rend toujours les corps. À terre, c’est parfois plus compliqué… Alors quand il reçoit la lettre de Murène, Pascal ne peut l’ignorer. C’est trop tard. Il faut qu’il y aille ! Il sort le fusil, il reste six chevrotines. C’est plus que suffisant…
Assurez-vous d'être arrimé car ce roman noir vous fera tanguer.
EXTRAIT
Quand je suis arrivé à la maison, il faisait presque sombre, rien ne bougeait, ni sur la terre ni au ciel.
Si l’on m’avait demandé la couleur de la lumière, j’aurais répondu qu’elle était grise, grise et silencieuse.
J’avais prêté ma montre, la montre de mon père en fait. Je l’avais glissée au poignet de Loraine quand elle était partie prendre son poste à Grenoble. Plus tard, elle avait proposé de me la renvoyer mais j’avais refusé. C’était une grosse montre étanche, une montre de patron pêcheur, c’était ça qu’il était mon père. Étanche, elle l’était, le courant des Ispres avait mis deux semaines à rendre le corps après le naufrage et la montre marchait toujours.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
D'aucuns nomment ça un roman à l'os, qui va droit au plus profond dans lequel les personnages sont avant tout des Hommes qui vivent en interaction avec d'autres, et même si le dialogue, les ronds-de-jambes ne sont pas leur fort, ils ressentent, aiment ou détestent… Le rythme est rapide et encore une fois, il est bien difficile de poser le livre une fois entamé, sauf lorsqu'on l'a fini, et encore, on en aurait bien repris un petit peu… - Lyvres
Sois gentil, tue-le est un livre sec, nerveux, tendu, pétri d’humanité… Il faut parfois couper les amarres au fusil pour pouvoir s'aventurer sur les flots de la vie. Pascal Thiriet nous prend par la main et nous emmène sur son bateau, pour une croisière forte et sans escale avec une lecture tout en immersion. - K-Libre
À PROPOS DE L'AUTEUR
Pascal Thiriet est un auteur hors normes… On l’avait déjà constaté avec ses précédents romans, J’ai fait comme elle a dit (sélection Grand Prix de Littérature Policière), Faut que tu viennes, ou Au nom du fric. On n’aura aucune peine à le remarquer une fois encore dans ce nouvel opus très sombre ! S’il aime par dessus tout naviguer en solo en Méditerranée, il a aussi une imagination débordante, une revendication à fleur de peau et ne se lasse jamais d’inventer des histoires. La preuve ? Au départ de ce roman, il y a une photo que lui envoie son neveu… Sur la photo, un petit chalutier, et un type presque vieux avec une salopette en ciré jaune. Un type qui lui ressemble. Mais pas tout à fait… Alors il en fait un dessin, puis deux… Et ça lui prend un an. À la fin, il a quarante-neuf planches pas vraiment publiables mais où il a mis beaucoup de choses… Alors il décide d’en faire un roman… Un roman noir donc, à partir d’une photo qui lui ressemble mais pas vraiment, puis qui devient une BD non publiée et enfin ce livre… Vous suivez ? Non ? C’est normal… D’autant que je ne vous ai encore rien dit de ce rude et magnifique roman ! Noir, écrit à l’os, sec, dépouillé, nu, brutal, sensible, maritime, douloureux mais si vivant !