Une réflexion plurielle sur l’exercice de l’écriture et celui de la déambulation.
Que produit aujourd’hui le geste de donner à des auteures une ville à arpenter pour contempler, méditer et en faire littérature, et ainsi la liberté économique de consacrer un temps à l’écriture ?
Plus de quatre-vingts ans après Un lieu à soi de Virginia Woolf, et en écho à cette œuvre, il a été proposé à quatre auteures de vivre cette expérience dans le cadre d’une résidence d’écriture.
Quatre regards de femmes sur un même espace urbain, quatre chemins de création à l’épreuve de dire l’expérience commune d’écrire.
Avec ces quatre récits féminins, le lecteur découvre aussi une façon insolite de parcourir la ville de Bordeaux.
EXTRAIT DE JOURNAL D'UNE PASSANTE
C’est dimanche. J’arrive en fin de journée dans une gare très animée et une chaleur presque estivale. La chambre que je vais occuper pendant une semaine est dans le quartier Sainte-Croix, 5 rue Porte-de-la-Monnaie. Elle est haut perchée, sous le toit. De mon lit, j’aperçois la Garonne. Elle se faufile entre deux cheminées et semble boire la couleur du ciel.
Je suis venue pour la première fois à Bordeaux il y a presque trente ans, elle était alors une ville sombre, fatiguée, ses quais évanouis sous le poids douloureux des entrepôts désertés. Aujourd’hui, elle est lumineuse, se prélasse le long du fleuve, rayonne sous un ciel d’azur.
LES AUTEURES
Michèle Lesbre, Juliette Mézenc, Dominique Sigaud et Sophie Poirier.