Le sentiment de lâexil, lâĂ©trangetĂ© au monde, la mĂ©lancolie, que Clarice Lispector exprimait dans les Lettres Ă ses sĆurs Ă©crites de Berne oĂč elle rĂ©sidait dans les annĂ©es 1940, sont la matiĂšre mĂȘme de ses Ćuvres et se retrouvent dans les nouvelles lues par Fanny Ardant.
« Ce qui Ă©tait arrivĂ© Ă Ana avant dâavoir un foyer Ă©tait Ă jamais hors de sa portĂ©e: une exaltation perturbĂ©e qui si souvent sâĂ©tait confondue avec un bonheur insoutenable. En Ă©change elle avait crĂ©Ă© quelque chose dâenfin comprĂ©hensible, une vie dâadulte. Ainsi quâelle lâavait voulu et choisi.
La seule prĂ©caution quâelle devait prendre, câĂ©tait de faire attention Ă lâheure dangereuse de lâaprĂšs-midi, quand la maison Ă©tait vide et nâavait plus besoin dâelle, le soleil haut, chaque membre de la famille rĂ©parti selon ses fonctions. Regardant les meubles bien astiquĂ©s, elle avait le cĆur serrĂ© dâun lĂ©ger effroi, mais elle lâĂ©touffait avec cette habiletĂ© mĂȘme que lui avaient enseignĂ©e les travaux domestiques. » C.L.