Delly (1875-1947) (1876-1949)
"Le vent glacĂ© qui soufflait, en cette veille de NoĂ«l 1880, dans les rues couvertes de neige, nâinvitait guĂšre les passants Ă sâattarder devant les Ă©talages Ă©lĂ©gants et les tentantes promesses des magasins parĂ©s pour cette Ă©poque de fĂȘtes, en la bonne ville de FĂŒrtsberg. Le ciel dâun gris de lin striĂ© de blanc, le jour terne de cette fin dâaprĂšs-midi augmentaient encore lâunanime dĂ©sir de gagner le logis clos, joyeusement Ă©clairĂ©, ou les salles de brasserie dont les lumiĂšres sâallumaient dĂ©jĂ comme une allĂ©chante invitation, comme un dĂ©fi Ă la tristesse du dehors.
Mais tous nâavaient pas le loisir de fuir la nuit glaciale. Quelques pauvres femmes, mal dĂ©fendues contre le froid par des vĂȘtements trop minces, sâoccupaient Ă balayer la neige pour en former des tas, que le vent implacable Ă©parpillait de nouveau. Alors, avec une rĂ©signation navrante, les mains bleuies recommençaient lâinutile besogne. Car ce travail de DanaĂŻdes reprĂ©sentait le prix du repas de ce soir.
Une petite femme mince et frĂȘle sâarrĂȘta tout Ă coup, en lĂąchant son balai. DĂ©jĂ trĂšs pĂąle auparavant, elle devenait livide, et elle chancela en se retenant Ă la porte dâune maison de luxueuse apparence.
â LĂ©na, voyez donc !... Cette malheureuse se trouve mal ! sâĂ©cria une voix harmonieusement timbrĂ©e.
En mĂȘme temps, une fine main gantĂ©e de clair sâĂ©tendait pour soutenir la balayeuse, et un charmant visage de jeune fille se penchait vers elle."
Romance.
Genovefa et sa soeur HĂ©loĂŻse apprennent, Ă la mort de leur pĂšre, qu'elles sont ruinĂ©es. Un cousin qu'elles ne connaissent pas, le comte de Redwitz, les invitent Ă vivre en son chĂąteau, au milieu d'une forĂȘt. TrĂšs vite Genovefa va entrer en conflit avec le comte qui est un ĂȘtre extrĂȘmement orgueilleux et fier de sa caste... Que cache-t-il ?