Au bout dâun moment, je devins presque insensible Ă la rudesse et la brutalitĂ© des clients. Jour aprĂšs jour, ma soumission nourrissait le sentiment de dĂ©goĂ»t que jâentretenais face Ă moi-mĂȘme. La sĂ©vĂ©ritĂ© du regard que je posais sur mes comportements me laissait croire que jâavais mĂ©ritĂ© la totalitĂ© des mauvais traitements quâon mâavait infligĂ©s.
Au bout dâun certain temps ou peut-ĂȘtre dâun certain nombre, je vins Ă en jouir tellement lâaspect punitif que je leur confĂ©rais Ă©tait grand. Jamais je nâaurais pu tolĂ©rer autant dâabus sans dâabord leur avoir donnĂ© le pouvoir de laver mes pĂ©chĂ©s. Quâimporte ce quâil en avait Ă©tĂ©, ma putasserie avait anĂ©anti le peu dâamour-propre quâil me restait.
Ă elle seule, la prostitution avait assurĂ© ma survie et, jusquâĂ maintenant, garantissait ma mort...