« Rainer, le soir tombe, je tâaime. Un train hurle. Les trains sont des loups, les loups câest la Russie. Pas un train, non â câest toute la Russie qui hurle aprĂšs toi. Rainer, ne sois pas fĂąchĂ© contre moi, fĂąchĂ© ou pas, cette nuit je couche avec toi. Une fissure dans lâobscuritĂ©, parce quâil y a des Ă©toiles, je ferme : la fenĂȘtre. (Quand je pense Ă toi et moi je pense fenĂȘtre, pas lit.) Les yeux grands ouverts, car dehors il fait encore plus noir que dedans. Le lit est un bateau, nous partons en voyage. » M.T.
Câest par Boris Pasternak, alors au dĂ©but de sa carriĂšre dâĂ©crivain, que Marina TsvĂ©taĂŻeva entre en correspondance avec celui qui incarne la poĂ©sie, le grand Rainer Maria Rilke. « PoĂ©tesse-nĂ©e », dâaprĂšs les mots de Pasternak, elle sĂ©duit Rilke et leurs Ă©changes deviennent trĂšs vite aussi amoureux que poĂ©tiques. Leur correspondance ne durera que quatre petits mois, entre mai et septembre 1926. Elle sâarrĂȘte brutalement, avec la maladie de Rilke et sa mort le 29 dĂ©cembre 1926, sans quâils nâaient pu jamais se rencontrer. Cette passion Ă©pistolaire et Ă©thĂ©rĂ©e est une histoire dâamour comme on les aime, triste et belle.
Ce livre audio a reçu en 2019 un Coup de cĆur de la parole enregistrĂ©e de l'AcadĂ©mie Charles Cros, catĂ©gorie Correspondances,