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Histoire d'un paysan IV

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«Moi, je suis un homme du peuple, et j'Ă©cris pour le peuple. Je raconte ce qui s'est passĂ© sous mes yeux.J'ai vu l'ancien rĂ©gime avec ses lettres de cachet, son gouvernement du bon plaisir, sa dĂźme, ses corvĂ©es, ses jurandes, ses barriĂšres, ses douanes intĂ©rieures, ses capucins crasseux mendiant de porte en porte, ses privilĂšges abominables, sa noblesse et son clergĂ©, qui possĂ©daient Ă  eux seuls les deux tiers du territoire de la France! J'ai vu les Ă©tats-gĂ©nĂ©raux de 1789 et l'Ă©migration, l'invasion des Prussiens et des Autrichiens, et la patrie en danger, la guerre civile, la Terreur, la levĂ©e en masse! enfin toutes ces choses grandes et terribles, qui Ă©tonneront les hommes jusqu'Ă  la fin des siĂšcles.C'est donc l'histoire de vos grands-pĂšres, Ă  vous tous, bourgeois, ouvriers, soldats et paysans, que je raconte, l'histoire de ces patriotes courageux qui ont renversĂ© les bastilles, dĂ©truit les privilĂšges, aboli la noblesse, proclamĂ© les Droits de l'homme, fondĂ© l'Ă©galitĂ© des citoyens devant la loi sur des bases inĂ©branlables, et bousculĂ© tous les rois de l'Europe, qui voulaient nous remettre la corde au cou.» Extrait : Toutes nos grandes guerres alors Ă©taient finies ; nous avions conquis la Belgique et la Hollande, la rive gauche du Rhin, une partie du PiĂ©mont et de l'Espagne ; les autres ne demandaient plus que la paix. Charette lui-mĂȘme, dans ses marais, n'en pouvait plus ; la rĂ©publique venait de faire grĂące aux rebelles, en leur permettant de rebĂątir leurs maisons, de relever leurs Ă©glises et de cultiver leurs terres comme d'honnĂȘtes gens ; elle leur avait mĂȘme promis des indemnitĂ©s, Ă  la seule condition de rester tranquilles. Carrier, Pinard et Grandmaison avaient Ă©tĂ© guillotinĂ©s, pour avoir dĂ©passĂ© les ordres du ComitĂ© de salut public. Qu'est-ce que les VendĂ©ens pouvaient demander de plus ? On pensait que le bon sens allait leur revenir et que nous aurions longtemps la paix.