Dans son deuxiĂšme roman, Jean-Claude Fournier nous plonge Ă nouveau dans lâatmosphĂšre des Trente Glorieuses. Il nous peint ici un portrait rĂ©aliste, original et nuancĂ© de ces trois dĂ©cennies, qui ne furent pas toujours vĂ©cues, par ceux qui les traversĂšrent, comme lâĂšre de progrĂšs social, de foi en lâavenir et dâinsouciance quâil est convenu de cĂ©lĂ©brer aujourdâhui. Lâhistoire qui nous est racontĂ©e est celle dâun enfant du peuple, dont lâenfance et lâadolescence se passent entre Montluçon, sa ville natale, puis Moulins et Clermont, deux citĂ©s oĂč il Ă©tudiera dans lâespoir de faire un jour carriĂšre dans le cinĂ©ma, une passion contractĂ©e dĂšs le plus jeune Ăąge. Mais il nâest pas facile de rĂ©aliser ce rĂȘve lorsque lâon a Ă©tĂ© persuadĂ© dâentrer Ă lâĂcole normale dâinstituteurs par des professeurs de collĂšge convaincus que cette orientation Ă©tait la voie « royale » pour un Ă©lĂšve issu dâun milieu trĂšs modeste. Lâascenseur social fonctionnera-t-il complĂštement pour ce petit-fils dâun maçon creusois venu chercher du travail dans le bassin industriel de lâAllier, et dâun mineur descendu du Nord aprĂšs la Grande Guerre ? Au-delĂ de son destin particulier, ce poulbot montluçonnais est reprĂ©sentatif de toute une gĂ©nĂ©ration qui aspira, de maniĂšre diffuse encore au dĂ©but des annĂ©es 60, Ă un grand chambardement dans sa vie sociale mais surtout intime. Tous les lecteurs, mĂȘme les plus jeunes, se reconnaĂźtront dans ce refus dâentrer prĂ©maturĂ©ment dans le rang, tel quâil est exprimĂ© dans cette histoire.