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Ignace et Polycarpe, Grec-Français

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Depuis Jean Daillé les protestants auraient bien aimé pouvoir rappeler le martyre de Polycarpe de Smyrne, sans avoir à mentionner celui d'Ignace d'Antioche : ils admirent le premier pour la fermeté de sa foi sur le bûcher, et n'ont guère de sympathie pour le second, à cause d'une étrange obsession pour l'épiscopat dont ses fameuses lettres sont remplies. Cependant il n'est guère possible de raconter séparément l'histoire de ces deux héros chrétiens morts au deuxième siècle de notre ère. En route pour son supplice dans l'arène de Rome, vers 110, Ignace écrit une lettre d'exhortation et d'adieu à Polycarpe. Polycarpe, de son côté, dans une épître aux Philippiens, leur signale qu'il possède la collection des lettres d'Ignace ; il serait donc difficile d'admettre l'historicité de l'un des deux martyrs et de rejeter celle de l'autre. C'est cependant bien à tort que les catholiques romains utilisent les lettres d'Ignace pour justifier leur hiérarchie pyramidale. Si Ignace demande sans cesse que l'on obéisse à l'évêque, c'est justement parce que l'autorité épiscopale n'était pas encore bien établie au moment où il écrivait, et qu'il redoutait une invasion des hérésies dans l'Église ; pour sa part, Polycarpe ne parle jamais de l'évêque. D'un aveu général la traduction d'Auguste Lelong, à partir du grec d'Ignace, souvent elliptique et obscur, reste la meilleure que nous possédions en français. Ajoutons que son Introduction et ses notes perspicaces sont aussi précieuses pour saisir la psychologie de ces deux personnages si différents. Cette numérisation ThéoTeX reproduit le texte de 1932.